Alors que de plus en plus de personnes adoptent des régimes végétariens ou vegan, la consommation de viande, en particulier de viande rouge, est remise en question aussi bien pour des raisons de santé, d’éthique que d’environnement. On l’accuse de favoriser certains cancers, de contribuer à la pollution, ou encore d’être inutile dans une alimentation moderne et variée. Pourtant, la réalité est plus nuancée. Alors, est-il dangereux de manger de la viande ? Peut-on conserver une bonne santé sans en consommer du tout ? Le Nutriscope vous répond.
La viande : une source importante de protéines et de nutriments
La viande est avant tout mise en avant comme une source complète de protéines. Ces protéines sont composées d’acides aminés essentiels, que le corps ne peut pas fabriquer lui-même et qui doivent donc être apportés par l’alimentation. Elles sont indispensables à la construction et à la réparation des tissus, au bon fonctionnement du système immunitaire, à la production d’hormones et d’enzymes, et à l’entretien de la masse musculaire.
Mais la viande n’apporte pas uniquement des protéines. Elle contient également d’autres éléments essentiels :
- Du fer héminique, une forme de fer très bien absorbée par l’organisme, nécessaire au transport de l’oxygène dans le sang. Ce type de fer est particulièrement présent dans la viande rouge.
- De la vitamine B12, une vitamine indispensable au fonctionnement du système nerveux et à la production d’énergie. Elle est absente dans les aliments d’origine végétale.
- Du zinc, du sélénium, du phosphore, et d’autres vitamines du groupe B.
En bref, la viande peut jouer un rôle important dans une alimentation équilibrée, à condition d’être consommée dans des quantités raisonnables et bien choisie.
Pourquoi limiter sa consommation de viande ?
1. L’impact environnemental et les considérations éthiques
L’un des arguments les plus souvent avancés pour supprimer la viande concerne son empreinte écologique. Les élevages industriels, en particulier ceux de bovins, sont associés à des émissions importantes de gaz à effet de serre, à une consommation excessive d’eau, et à une utilisation massive de terres agricoles.
Le développement du végétarisme et du véganisme s’explique aussi par une prise de conscience éthique. Les conditions d’élevage intensif, la souffrance animale, ou encore la volonté de consommer de manière plus responsable poussent de nombreuses personnes à repenser leur alimentation.
Cela dit, il est important de nuancer. Toutes les viandes n’ont pas le même impact environnemental. Une viande issue d’un élevage local, respectueux du bien-être animal, peut avoir un impact bien moindre qu’une viande produite à grande échelle et importée de loin.
2. Le lien entre viande rouge, viande transformée et cancer
De nombreuses études ont établi un lien entre une consommation excessive de viande rouge, mais surtout de viandes rouges ultra-transformées (charcuteries, bacon, saucisses…) et une augmentation du risque de certains cancers, notamment le cancer colorectal.
Ce risque est en partie lié à la présence de graisses saturées, de composés formés lors de la cuisson à haute température, ou encore de nitrites ajoutés dans les produits transformés. Là encore, c’est la quantité et le type de viande consommée qui font la différence. Une portion modérée de viande rouge non transformée, quelques fois par semaine, n’a pas les mêmes effets qu’une consommation quotidienne de charcuterie.
Peut-on vivre sans manger de viande ?
Supprimer la viande de son alimentation peut sembler une solution simple. Mais cela ne signifie pas pour autant que le choix est sans conséquence. Une alimentation vegan, par exemple, exclut tous les produits d’origine animale, y compris les œufs, les produits laitiers et le miel. Cela implique une attention particulière pour éviter certaines carences nutritionnelles, notamment en vitamine B12, mais aussi en fer, calcium et zinc.
Les personnes qui adoptent une alimentation végétarienne ou vegan sont souvent amenées à consommer des aliments transformés pour remplacer la viande : simili-carnés, steaks végétaux, jambon à base de légumineuses, etc. Ces produits, bien que d’origine végétale, ne sont pas toujours synonymes d’alimentation saine. Certains sont très salés, contiennent des additifs, ou sont fabriqués avec des huiles de moindre qualité afin d’approcher au maximum les propriétés de leurs homologues carnés.
Il est donc important de rappeler que manger végétal ne veut pas dire automatiquement manger équilibré. Une alimentation sans viande peut tout à fait répondre aux besoins du corps, mais elle demande une certaine organisation et des connaissances sur les associations alimentaires (par exemple, associer des légumineuses à des céréales pour obtenir tous les acides aminés essentiels).
Comment manger équilibré avec de la viande ?
La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas nécessaire de faire des choix radicaux pour adopter une alimentation équilibrée. Ce n’est pas la viande en soi qui pose problème, mais la façon dont elle est consommée. Trop de viande, ou de mauvaise qualité, peut être délétère. Le secret, c’est avant tout la variété, la qualité, et la modération.
Il est tout à fait possible de continuer à consommer de la viande, y compris de la viande rouge, à condition de respecter certaines recommandations :
- Privilégier les morceaux maigres,
- Eviter les viandes transformées,
- Et surtout choisir des viandes de qualité, locales et issues d’un élevage respectueux.
En parallèle, augmenter la part de protéines végétales dans l’assiette est une excellente idée : légumineuses, céréales complètes ou oléagineux, permettent de varier les sources tout en couvrant les besoins. Il existe également d’autres sources de protéines animales sans pour autant manger de la viande : les produits laitiers, œufs et poissons. C’est une manière concrète d’adopter une alimentation saine sans tomber dans l’excès ou la frustration.
Alors, faut-il supprimer la viande ? La réponse n’est pas binaire. La viande n’est pas un ennemi à éradiquer de toutes les assiettes, mais un aliment à consommer avec modération et discernement. Oui, certaines viandes (notamment les transformées) peuvent avoir un impact négatif sur la santé, notamment en augmentant les risques de certains cancers. Mais d’autres, consommées dans un cadre raisonnable et de qualité, peuvent parfaitement s’inscrire dans une alimentation équilibrée.
L’essentiel est de faire des choix éclairés, adaptés à ses besoins, à ses valeurs et à son mode de vie. Pour celles et ceux qui souhaitent réduire leur consommation, l’accompagnement par un diététicien nutritionniste peut être précieux pour éviter les carences et conserver une alimentation variée et équilibrée.
Enfin, manger moins de viande, c’est aussi l’occasion de redécouvrir d’autres familles d’aliments, de nouvelles recettes, et de donner un nouveau souffle dans votre assiette. Une alimentation saine ne se résume pas à un aliment ou un interdit, mais à un ensemble d’habitudes durables, flexibles, et bienveillantes. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il vaut mieux éviter de refuser toute sortie en période de perte de poids.
