Que vous soyez dégoûté à l’idée de manger des insectes ou non, sachez qu’ils représentent une des solutions les plus intéressantes pour nourrir la Planète…
Face à l’explosion démographique mondiale et aux changements environnementaux que nous connaissons, il semble urgent de trouver des alternatives alimentaires durables. Parmi les possibilités envisageables pour satisfaire les besoins alimentaires de tous sur le long terme, les insectes représentent une solution intéressante.
Avantages nutritionnels et environnementaux des insectes
L’intérêt majeur des insectes repose sur leur richesse en protéines : on en retrouve en moyenne 70g pour 100g ; à titre de comparaison, il y a 20g de protéines dans un steak de bœuf. Ces protéines de bonne qualité ne sont pas leur seul avantage car les insectes sont aussi d’excellentes sources de minéraux (fer, calcium, magnésium) et de vitamines. Enfin, le peu de matières grasses que contiennent les insectes est de bonne qualité.
Ce potentiel nutritionnel fait parler de lui au moment opportun puisque la production de protéines à l’échelle mondiale est la priorité en matière de transition agricole. Nous serons 9 milliards sur Terre en 2050, et il est urgent de trouver comment nourrir tout ce petit monde durablement. Grâce à un élevage nécessitant moins d’espace et de nourriture, et rejetant nettement moins de gaz à effets de serre que le modèle agricole traditionnel, “les insectes incarnent une alternative durable” selon la F.A.O. (Food and Agriculture Organization).
Des insectes, oui, mais bien cachés
Malgré ce potentiel indéniable, les insectes ont encore fort à faire pour s’installer dans nos assiettes. Bien que l’entomophagie soit courante dans les pays dits du Sud (ce qui prouve la durabilité de la ressource), elle dégoute encore de nombreux Occidentaux. L’apparition des insectes se fera de manière progressive, grâce à des recettes permettant de masquer leur goût et leur aspect. Ainsi, verrons le jour des barres énergétiques enrichies en protéines d’insectes, des biscuits apéritifs à la poudre de grillons, ou encore des sauces et pâtes tartinables à la farine de vers.
Une réglementation qui piétine
Les professionnels de la santé et de l’environnement poussent, de nombreuses start-up de production d’insectes sont sur les starting-blocks, mais la réglementation avance à pas de fourmis. Face à la question des insectes comestibles, le gouvernement français répond en signalant que “le manque de données scientifiques” ne permet pas d’en valider la consommation sans risque de santé publique. La perspective se confirme à l’échelle de l’U.E. puisque l’autorité européenne a donné un avis négatif concernant leur production et leur consommation.
Impossible donc de produire et de proposer des insectes à la consommation sans passer par une validation européenne (“Novel Food”). Ce processus s’annonce long et coûteux en vue des nombreuses inquiétudes sanitaires qu’il faut écarter : salubrité, allergènes, venins, etc.
Espérons néanmoins que, comme en Belgique ou au Pays-Bas, le nouveau gouvernement en place fasse preuve d’ouverture en proposant une interprétation plus tolérante des textes européens.
Les insectes incarnant clairement une ressource nutritionnelle d’avenir, dont la place centrale dans l’alimentation des générations futures semble inévitable. Malgré l’évidence, le processus s’annonce encore très long pour démocratiser la consommation d’insectes dans un modèle alimentaire où la plus célèbre des sociétés d’insecticides a autant de poids…